Du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais réussi à me coucher tôt.
Pourtant, je n’avais pas peur du noir quand j’étais petite et jamais je n’ai imaginé de monstres tapis sous mon lit, prêts à me dévorer une fois la lumière éteinte. Une fois a lumière éteinte, je voyais les heures défiler sur le cadran lumineux de mon réveil et je maudissais le marchand de sable de m’avoir une fois de plus oubliée dans sa tournée. J’ai dû boire des centaines de verres de lait chaud et compter des millions de moutons à cette époque, mais sans succès.
Aujourd’hui, rien n’a changé : je repousse toujours le moment de me coucher. Même quand la journée a été longue et fatigante. Même quand je sais que mon réveil sonnera aux aurores le lendemain. Parce que même dans ces cas-là, Morphée s’obstine à me snober.
Lorsque je fais l’effort, car c’en est un, de me mettre au lit à une heure décente, c’est toujours le moment que choisit mon cerveau pour se mettre à tourner à plein régime. Des milliers de choses me passent par la tête sans que je parvienne à endiguer le flot de mes pensées. Rien d’angoissant, pas de soucis ou d’idées noires, juste des tonnes de bêtes pensées. Parfois, c’est même une simple chanson, qui s’obstine à tourner en boucle dans mon esprit pendant des heures et jusqu’à maintenant, je n’ai pas trouvé comment désactiver la fonction « repeat ».
Le seul moyen d’éviter l’insomnie consiste à lire jusqu’à ce que les mots se brouillent et qu’il me reste juste suffisamment de conscience pour tendre le bras et éteindre ma lampe de chevet. Un peu comme une diversion : distraire mon esprit pour que, sur la pointe des pieds, le sommeil puisse enfin s’installer.