Même si mes posters d’adolescente ne sont plus aux murs, même si mes t-shirts ne traînent plus par terre et que plus aucune pile de bouquins ne menace de s’effondrer à côté du lit, c’est toujours ma chambre. Tout mon joyeux bordel, celui qui a rempli un nombre ahurissant de cartons pour une si petite pièce, je l’ai emmené avec moi. Les murs ont été repeints, les meubles changés et on pourrait presque croire que cette chambre n’a jamais été occupée que par des invités. Mais, si nets et bien rangés qu’ils soient, ces quelques mètres carrés restent les miens, là où pendant dix ans j’ai dormi, rêvé, grandi. Là où j’ai lu des milliers de pages et où j’en ai noirci quelques dizaines. Là où j’ai ri beaucoup, pleuré parfois, aimé sans compter. Maintenant, je dors, je rêve et je continue à grandir, mais ailleurs, à une poignée de kilomètres. Parfois, je reviens et même si je n’habite plus là, je connais toujours par coeur les marches qui craquent quand je descends chercher quelque chose à grignoter au milieu de la nuit. Je reste la seule qui sait fermer la porte sans faire de bruit malgré la poignée récalcitrante. La lumière du jour filtre encore à travers les volets et le radiateur continue à gargouiller. Le temps file si vite que mes souvenirs n’ont plus le temps de s’effacer. Je me repasse le film à l’envers, pour voir jusqu’où je peux remonter, pour mettre le doigt sur le moment où les images commencent à devenir floues. Le choc de la chambre vide, le déménagement, la fac, le lycée, le collège, l’emménagement, la visite de la maison. « Là, ça sera ma chambre ». Je me souviens de tout. Comme si c’était hier.
lundi 5 avril 2010 à 13:40
😀
lundi 5 avril 2010 à 16:00
Ahhh, la nostalgie… En fait, c’est les trucs qui te pourrissent la vie sur le moment qui te font sourire après. Cf la pognée de porte, je suis sûr qu’au début tu te battais pour qu’elle soit changée.
lundi 5 avril 2010 à 16:19
Les souvenirs sont probablement un des mes sujets favoris.
Ils sont à la fois source de magiques instants suspendus et d’une mélancolie sans pareille.
On laisse des bouts de soi là où l’on passe, on laisse des morceaux qu’on ne récupérera pas parce que c’est mieux ainsi, qu’ils restent là-bas.
Alors le temps file, nous sommes de moins en moins entier mais de plus en plus plein.
Ton petit billet est d’une simplicité magnifique.
mardi 6 avril 2010 à 17:21
J’aime bien. Tu écris très bien.
mercredi 7 avril 2010 à 12:04
A chaque fois que je reviens dans ma chambre d’enfance, j’ai l’impression de sentir, flottant, mon double en gosse qui est encore là.
vendredi 9 avril 2010 à 08:41
J’adore !!!! par contre ça me refile un peu le bourdon en pensant à la mienne, un endroit qui a changé d’aspect aussi mais là où tous les souvenirs restent présent
vendredi 9 avril 2010 à 14:25
J’ai une mémoire plus effaçable. Heureusement, sans doute.
dimanche 2 mai 2010 à 16:06
J’ai jamais gardé une chambre 5 ans… difficile d’avoir une empreinte nostalgique. La seule que j’ai connu concernait une vieille maison de campagne de cousins, que, enfant, j’avais toujours cru hantée ou un peu magique, d’une certaine manière. En grandissant, c’est juste devenu une maison pas pratique où il est facile de s’ennuyer, et ce changement me rendait triste… ça doit être ça, la part de soi qui est emportée, comme dit Bap^^