La terre a tremblé là-bas et moi j’ai tremblé ici. Pour lui. Et puis le tsunami a balayé la côte et l’angoisse a inondé mon esprit. Sans prévenir, je me suis retrouvée avec une boule au ventre, qui brûle, qui se consume, qui irradie. Une peur brute chevillée au corps, des larmes qui rongent comme de l’acide et le cerveau en surchauffe.

Alors internet, mails, messagerie deviennent un nouveau cordon ombilical. S’accrocher à un terminal en permanence pour ne pas perdre le contact. Toujours avoir un œil sur la messagerie instantanée. « Tant qu’il est connecté, c’est que ça va là-bas ». Et parler, parler, parler, de tout, de rien, du temps qu’il fait, de choses anodines. Mais parler pour être sûre qu’il est toujours là.

Il y a aussi l’information en transfusion, comme une drogue, un calmant et un poison à la fois. Qui alimente l’imagination mais permet de se raccrocher à quelque chose. Tout sauf l’ignorance et le silence. Alors on consulte compulsivement toutes les sources qui nous tombent sous la souris, jusqu’à l’obsession. En comparant les différentes versions, de la plus rassurante à la plus alarmiste. Mes confrères sont devenus mes dealers et pour la première fois de ma vie j’ai détesté ma profession.

Et puis il y a l’attente. « Quand est ce que vous allez le faire rentrer ? » « On ne sait pas mademoiselle. » « Demain. » « Non, finalement dans 5 jours. » « Normalement son avion décolle ce soir. » « Il a pris trop de
retard, le vol est annulé. » « Il part demain, cette fois c’est sur. » Cette fois c’est sur, ils l’ont dit.

Mais la seule certitude c’est la peur. La peur d’une nouvelle secousse, la peur des risques nucléaires, la peur que les médias ne disent pas tout. La peur de ma vie, pour la sienne.

Maintenant, il est en route. Pour de bon. Mais je serai complètement rassurée quand il aura posé le pied sur une terre qui ne tremble pas. Pas avant. Jamais je n’aurai autant attendu un putain d’avion.

 

[Ca y est, il est rentré et mon coeur s’est remis à battre. Mais je garde toujours dans un coin de ma tête une pensée pour ceux qui sont encore là-bas, ceux dont des proches, des amis, de la famille sont là-bas.]

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