Même si mes posters d’adolescente ne sont plus aux murs, même si mes t-shirts ne traînent plus par terre et que plus aucune pile de bouquins ne menace de s’effondrer à côté du lit, c’est toujours ma chambre. Tout mon joyeux bordel, celui qui a rempli un nombre ahurissant de cartons pour une si petite pièce, je l’ai emmené avec moi. Les murs ont été repeints, les meubles changés et on pourrait presque croire que cette chambre n’a jamais été occupée que par des invités. Mais, si nets et bien rangés qu’ils soient, ces quelques mètres carrés restent les miens, là où pendant dix ans j’ai dormi, rêvé, grandi. Là où j’ai lu des milliers de pages et où j’en ai noirci quelques dizaines. Là où j’ai ri beaucoup, pleuré parfois, aimé sans compter. Maintenant, je dors, je rêve et je continue à grandir, mais ailleurs, à une poignée de kilomètres. Parfois, je reviens et même si je n’habite plus là, je connais toujours par coeur les marches qui craquent quand je descends chercher quelque chose à grignoter au milieu de la nuit. Je reste la seule qui sait fermer la porte sans faire de bruit malgré la poignée récalcitrante. La lumière du jour filtre encore à travers les volets et le radiateur continue à gargouiller. Le temps file si vite que mes souvenirs n’ont plus le temps de s’effacer. Je me repasse le film à l’envers, pour voir jusqu’où je peux remonter, pour mettre le doigt sur le moment où les images commencent à devenir floues. Le choc de la chambre vide, le déménagement, la fac, le lycée, le collège, l’emménagement, la visite de la maison. « Là, ça sera ma chambre ». Je me souviens de tout. Comme si c’était hier.
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Posted in Blabla on mardi 9 février 2010 by klaims
Je passe ma vie à (me) poser des questions. Pour apprendre, pour comprendre, pour y voir un peu plus clair dans le monde qui m’entoure. Et puis par curiosité aussi. Quand j’étais petite, je harcelais mes parents de « pourquoi » façon poupées russes. Rapidement, j’ai aussi voulu savoir « quand » et « où » parce que quand même, le contexte, c’est important. Mais en grandissant, ce qui m’a fascinée plus que tout le reste, c’est « comment ». Les rouages, les mécanismes, la manière dont les choses sont construites et la façon dont elles fonctionnent.
Pendant mes études, j’ai toujours pu dire, à peu près, dans quelle direction j’allais. Malgré quelques hésitations, quelques changements de cap, je suivais un itinéraire relativement bien tracé. Aujourd’hui, j’aperçois le bout de cette route et au-delà, des centaines de voies possibles. Je me pose toujours des tonnes de questions, parce que c’est ce qui m’aide à avancer, mais lorsque je me demande ce que je ferai dans six mois, pour la première fois de ma vie, je n’ai pas la réponse. Et je crois que j’adore ça.
Posted in Blabla on samedi 6 février 2010 by klaims
Parmi tous les jobs que j’ai connu, celui qui m’a apporté le plus de satisfaction est de loin mon boulot de peintre. Loin des chiffres de vente de la collection printemps-été, du nombre de cartes de fidélité distribuées, des objectifs de menus best-of à écouler, je me retrouve seule face à mes pinceaux et mes pots de peinture. Et il me suffit de regarder autour de moi pour mesurer l’avancée du chantier et la somme de travail qu’il reste à abattre. Rien n’est plus gratifiant que d’avoir sous les yeux le résultat concret de ce qu’on a accompli.
En ce moment, je termine un autre genre de chantier. Un sur lequel je travaille toute seule. Il me prend pas mal de temps et parfois je rencontre des difficultés. Il a stagné pendant longtemps. Les fondations étaient là pourtant, et même une partie du gros oeuvre mais j’avais du mal à savoir ce que je voulais pour les finitions. Et puis il y a quelques mois, j’ai décidé de prendre les choses en main et depuis, ça avance à grands pas. Je ne sais pas dans combien de temps j’aurai fini et quand j’y pense, je crois que c’est le genre de chantier qu’on ne termine jamais complètement. Mais en tout cas ça ressemble de plus en plus à ce que je voulais et je crois que j’en suis fière.
Posted in Blabla on lundi 11 janvier 2010 by klaims
L’aiguille pique et repique. Pourtant, la sensation est plutôt sourde, un peu comme une brûlure. Je regarde Fabien tracer des lettres sur ma peau, appliqué comme un écolier. La voix des Beatles se mêle au bourdonnement du dermographe. La pointe de la machine progresse, centimètre par centimètre, et les mots prennent vie, prennent sens. Je me dis qu’il faut sûrement être un peu fêlée, pour traverser la France jusqu’à cette petite boutique planquée au fond d’une cour. Pour vouloir ces lignes indélébiles sur mon corps. Pour tant désirer ces quelques grammes d’encre noire. Et je souris.
« Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »
Posted in Blabla on mercredi 2 décembre 2009 by klaims
J’ai longtemps couru après des moments plus que parfaits. Ces instants où tout est exactement à sa place, où le moindre détail correspond à ma notion d’idéal. Je vivais au présent, mais en anticipant toujours ce qui allait se passer. Sans jamais vraiment quitter des yeux le futur. Et puis un jour j’ai compris. J’ai compris qu’à vouloir toujours tout prévoir, je ne vivais qu’au conditionnel. Que tout contrôler n’était pas impératif. Que ce qu’il y avait de plus fort dans mon passé n’était pas lisse mais fêlé et cabossé. J’ai compris que je préférais vivre à l’imparfait.
Posted in Blabla on samedi 24 octobre 2009 by klaims
Je suis un caméléon. Pas par choix mais parce que jusqu’à présent je n’ai jamais su faire autrement. Ecouter, apprendre, me nourrir des autres et m’adapter. Découvrir leurs univers, leurs goûts et m’en imprégner, j’ai toujours considéré ça comme un enrichissement. Comme une éponge, je retiens un peu de chacun de ceux qui ont traversé ma vie. Mais en amour, je ne sais pas faire les choses à moitié et peu à peu, j’en viens à oublier qui je suis. Qui suis-je quand je suis seule ? Quand ma vie ne repose que sur mes propres épaules ? Aujourd’hui, je pars à la recherche de moi-même. Je fais un pas en arrière, j’inspire un grand coup, et je fonce. J’ose.
Posted in Blabla on samedi 26 septembre 2009 by klaims
J’arrive sans me presser. Tout le monde est déjà là. Regards qui se croisent. Ascenseur. Huit étages plus haut, on me propose de champagne et des petits fours. « Non merci, juste un verre d’eau s’il vous plaît. » Quelques paroles échangées sur un balcon. J’ai la tête qui tourne un peu, à cause de la vue peut-être. « Ca va commencer. » Ascenseur. Je suis assise au premier rang. Quelques chuchotements dans l’obscurité et l’écran s’anime. Mary écrit à Max. Max répond à Mary. Mon fauteuil est trop près de l’écran et j’ai mal au cou mais je m’en fous. Ils ont beau être en pâte à modeler, ils me touchent plus que tous les acteurs de chair et d’os que j’ai pu voir cette année. Max écrit à Mary. Mary répond à Max. Et je pense à toutes les lettres que j’ai pu envoyer dans ma vie, à celles que j’ai écrites sans les poster, à celles que j’ai reçues, parfois de plein fouet. Moi aussi je suis en pâte à modeler. Que sera sera. Générique. Les lumières se rallument. Toute la salle semble un peu sonnée. Et c’est seulement quand Adam Elliot se met à parler que mes larmes commencent à couler.
Posted in Blabla on jeudi 10 septembre 2009 by klaims
J’aime partir en vacances. Qui n’aime pas ça d’ailleurs ? Mais s’il y a un moment que je savoure particulièrement, c’est quand je rentre à la maison après une ou deux semaines d’absence. J’ouvre la porte, généralement soulagée de pouvoir enfin poser une valise bien remplie. La pièce est plongée dans la pénombre, mais je suis en terrain connu. Je pose les clés sur le meuble de l’entrée et je progresse à tâtons jusqu’à l’interrupteur. Avant d’allumer, je prends une profonde inspiration. Une odeur douce, réconfortante, flotte dans l’air. C’est tout simplement celle de l’appartement. D’habitude je n’en ai même plus conscience mais là, je la redécouvre avec plaisir. Click. La lumière semble tirer les meubles d’une longue sieste, la maison reprend vie. Je suis chez moi.
Posted in Blabla on mercredi 19 août 2009 by klaims
Paris Saint-Lazare Saint-Nom-La-Bretèche. Pendant plus de dix ans, j’ai emprunté cette ligne de banlieue pour me rapprocher de la capitale. Et un peu comme au café du coin, on y trouvait des habitués, des sortes de piliers de gare. Parmi ces figures emblématique, il y avait le violoniste fou. A l’époque où j’ai commencé à prendre le train, il jouait les Danses Hongroises ou quelque chose s’en approchant. Au fil des années, sans doute pour vouloir s’amuser un peu, il a commencé à prendre quelques libertés avec la partition d’origine, ajoutant ça et là des coups d’archets désordonnés. Puis un jour, au beau milieu du morceau, il a commencé à faire grincer les cordes de son violon, comme pour imiter les piaillements d’un oiseau. Lorsque j’ai déserté les sièges du Transilien pour ceux, plus confortables, d’une petite voiture, la mélodie était devenue méconnaissable et il terminait généralement son récital en tournant sur lui-même.
Ligne 9 en direction du Pont de Sèvres. Depuis presque un an, j’emprunte cette ligne parisienne pour me rendre dans l’ouest parisien. Les musiciens de succèdent, des joueurs d’accordéon souvent, et parfois des violonistes. Mais la plupart du temps, absorbée dans ma lecture, un casque sur les oreilles, je ne les entends même plus. Et puis ce matin, alors que, je feuilletais distraitement mon journal, un son a réussi à se frayer jusqu’à mon cerveau encore mal réveillé. Un son familier. Un grincement. Comme le piaillement d’un oiseau. Avant même d’avoir levé les yeux, je savais que c’était lui.
Posted in Blabla on mardi 18 août 2009 by klaims
Certaines amitiés sont comme des évidences. On ne les choisit pas, elles s’imposent d’elles mêmes. D’habitude, ça prend du temps : au début c’est fragile, et puis ça se construit petit à petit, au fil des moments partagés. Là, c’est comme si on se retrouvait d’office avec un bloc de béton armé. Tout est déjà là et chaque instant avec l’autre ne fait que le confirmer. Finalement, on se reconnaît plus qu’on ne se découvre. Et quel que soit le nombre de jours, de semaine ou de mois qui s’écoulent entre chaque rencontre, le lien ne faiblit pas, ne ternit pas. Il est indépendant du temps qui passe, absolu. Pas besoin de preuves ou de promesses, on le sait, c’est tout.